« Mercredi dernier, 3 juin 1891, la paroisse de la Séguinière, près de Cholet, conduisait à sa dernière demeure une chrétienne de la vieille roche, vrai type vendéen, Mme Modeste Chéné, veuve de René Bénéteau, de la ferme de la Sarboussière, décédée le lundi 1er juin, à l’âge de 90 ans. Peu de nos vaillantes françaises ont autant mérité de la Religion et de la Patrie. Mariée bien jeune, petite, maigrelette, d’un tempérament faible et délicat, sur treize enfants, elle en eut huit en trois fois ; à la première, un garçon et deux filles ; à la deuxième, deux garçons et, à la troisième, deux garçons et une fille. Quand on fit baptiser les trois premiers jumeaux, il se passa un fait très curieux. Selon l’usage d’alors, on porta à dos de cheval, dans un grand panier d’osier, les trois petites créatures à l’église de la Séguinière, distante de cinq kilomètres de la métairie de la Sarboussière. La neige couvrait la terre. De retour à la maison paternelle, quand on voulut remettre les enfants à la mère, on n’en trouva plus que deux. Grand émoi, grande stupéfaction ! Vite le père, le parrain et la marraine retournèrent sur leurs pas. A 300 mètres environ ils trouvent la petite fille étendue sur la neige. Comment était-elle sortie de sa prison de bois ? Mystère. Quoiqu’il en soit, aujourd’hui elle est mère et grand-mère à son tour. »