Nous avions rencontré cent fois au hasard de nos pérégrinations M. René Dixneuf. Le sympathique artisan de La Séguinière (l’ami René, comme l’appelle là-bas tout ceux qui estiment son dévouement et apprécient son esprit d’organisation à la tête du comité des fêtes) avant de savoir que notre homme avait le don de l’invention.
Et certes notre étonnement fut grand en découvrant M. Dixneuf lors de la foire exposition d’Angers au pavillon du concours Lépine.
- Quelle bonne surprise de rencontrer ici un Choletais,…mais que faites-vous à Angers
- Moi ! je présente mon collier Ediva
Ediva,.. ne cherchez point Mesdames ce collier ne sied point aux élégantes ! mais c’est pourtant un bijou dans son genre. Et qui a valu à son auteur une médaille de vermeil avec prix spécial au concours de la foire exposition de l’Anjou.
Un tel évènement (dont M. Dixneuf est fier à juste titre) méritait de complimenter et valait d’être arrosé d’un généreux muscadet. Ce qui nous procura l’occasion d’être initié d’un peu plus près au brevet conçu par l’ami René.
Le tour…de l’ouest de l’ami René
L’ère du compagnonnage est révolue et il n’est plus maintenant d’ouvriers qui partent à l’aventure d’une ville à l’autre, bâton en main baluchon sur l’épaule et article en poche du bon compagnon.
Il y a eu jadis de nombreux « tour de France ». M.Dixneuf se contenta du « tour de l’ouest ». Né à Cholet il commença son apprentissage au fief Sauvin en 1916 chez le « père Moulineau» avant de parfaire ses connaissances en bourrellerie au Pont-de-Cé puis à Bressuire Montrevault Cholet Nantes Chantonnay Fontenay-le-Comte. Cette occupation le fit s’intéresser aux attelages et M. Dixneuf ne fut pas sans remarquer rapidement l’ennui des fermiers qui devaient acheter un nouveau collier à chaque fois qu’ils changeaient de cheval.
- Pourquoi pas un collier transformable pouvant s’adapter à toutes les encolures ? pensa l’artisan qui dès 1935 creusa cette idée.
La même année il exécutait sans aucun plan un collier de sa conception en tôle tenant compte d’une extensibilité de 14cm en longueur et 10 cm en largeur pour permettre de « colleter » les bêtes les plus corpulentes comme les plus efflanquées. Durant les années qui suivirent, notre ami assurait la mise au point de son premier projet, essayant notamment d’améliorer le fonctionnement du déclanchement automatique du tirage du collier
En 1939, plusieurs cultivateurs de la proche région expérimentèrent le « collier Ediva » qui leur procura de très sérieuses satisfactions. L’un d’eux pouvait notamment écrire «grâce au déclanchement instantanée de votre système de tirage j’ai pu sauver mon cheval tombé dans un ravin et qui sans cela serait mort étouffé avant d’avoir été dégagé ». C’était là un sérieux avantage du nouveau collier. Et la société protectrice des animaux ne manqua point d’attirer l’attention sur ce système qui évitait « la mortalité du cheval en cas d’accident » et qui valut à son inventeur une médaille de bronze.
La « naissance » officielle d’Evida
M. Dixneuf n’était pas satisfait pour autant
- « Il devait bien y avoir d’autre transformation susceptible de perfectionner l’invention »
La tôle ainsi ne semblait pas la matière idéale pour la solidité de l’appareil. Et notre maître artisan eut l’idée de se documenter près de la Société d’Aluminium à Paris qui lui confirma les vertus de ce métal. Sitôt reçue la réponse M. Dixneuf se remettait à l’ouvrage pour créer un prototype en duralumin qu’il exposa en 1947 à la foire de Cholet. Peu de temps après le collier fut déposé officiellement sous le nom de « Ediva ».
Trois année d’expérimentation effectuée par la Société d’Aluminium Français elle-même dans les régions du Nord de Normandie et de Bretagne accusèrent hélas un défaut l’exécution en duralumin entrainait des frais considérable, et d’autre part la résistance du métal n’était pas suffisamment proportionné à l’effort constant du cheval. A l’approche de la mécanisation et de l’arrivée des premiers tracteurs le projet fut abandonné.