L'autel de Saint Hubert


avant et pendant les travaux...

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"A l'oeuvre, on connaît l'artisan"

Jean de la Fontaine



Discours de l'inauguration


Bonjour à toutes et à tous, 

Mr le Curé, Mr le Maire, Mesdames et Messieurs les conseillères et conseillers municipaux.  

 

Une inauguration est l’aboutissement d’un projet, et c’est à quelques jours de la St Hubert, qui se fête le 3 novembre, que nous nous retrouvons devant cet autel, suite à sa restauration en 2015.

 Avant de vous parlez de sa restauration, je me permets de faire un petit retour en arrière.  

Cet autel St Hubert a été édifié vers 1867 et a remplacé un retable, détruit en 1862. Ce retable se trouvait près du vitrail de l’Abbé Buchet et aurait été copié sur le retable de la chapelle d’Amboise. 

Il fut détruit et, je cite les écrits de l’époque : « Brisé par le marteau vandale  d’un maçon », pour permettre l’agrandissement  du chœur de l’église. Des éléments de ce retable sont actuellement au musée de Cholet.  Vous pourrez  voir tout à l’heure, à la salle Prévert, des photos de celui-ci.

Le tableau, situé sous le clocher et dont l’inauguration et la bénédiction ont eu lieu en cette église le dimanche 13 novembre 1887, permet de nous donner une idée assez précise de ce retable. Dans la semaine religieuse de 1887, on trouve les écrits suivants concernant cette inauguration :

«  Quatre sonneurs de trompe, les premiers de la capitale, sous la direction de Mr le Vicomte de Chirac avaient promis à la fête le concours d’un talent hors ligne… A l’heure fixée, vit-on arriver de tous côtés une foule radieuse…. Nobles du pays et gens du peuple… Nous avons pu remarquer dans l’assistance : le duc et la duchesse de Blacas, comtesse douairière de Piolant, comtesse de la Rochecantin, comte de Cambourg, comte de Rochechouart, comte André de Villoutreys… »  Le haut du pavé… 

Les sonneurs de trompe, qui devaient exécuter la messe de Saint Hubert, étaient placés dans le chœur, derrière l’autel, de manière à envoyer dans la nef tout le son de leurs instruments pour interpréter le Rallie Renolière et l’hymne à la Saint Hubert. 

Nous entendrons à nouveau résonner ces hymnes  sous les voûtes de l’église grâce aux musiciens  Azélie, Typhaine et Thibaud Gantois. Clin d’œil de  l’histoire, cette famille habite à présent à la Renolière.

 

Mais, revenons à l’autel St Hubert qui se trouve devant nous. Au fil des ans, il s’était très dégradé, il manquait des doigts aux personnages, le chien avait perdu ses oreilles, le cerf des bois,  des  chapiteaux étaient brisés et la croix tenait, pourrait-on dire…, par «l’action du Saint Esprit ».  La peinture des murs s’écaillait, la voûte qui représente le ciel avait été badigeonnée d’un bleu… pas vraiment bleu  ciel et   de nombreuses étoiles avaient disparu.         D’autre part,  jusqu’en 2008, la crèche, qui se construisait à cet emplacement, a également contribué à la dégradation de l’autel. Des pointes,  des punaises et  des agrafes, servant à fixer le papier crèche, étaient  restées sur les murs autour de l’autel, et aggravaient cette détérioration.

 Ce qui bien sûr déplaisait à notre St Hubert (Saint invoquée, je vous le rappelle, pour guérir de la rage) et qui se serait un jour soit disant, écrié de dépit : O rage au désespoir pourquoi ai-je donc à subir tant d’infamie !  

 

Le projet de restauration de cet autel remonte à décembre 2001. Cette année-là, Mr Gaillard (historien de l’époque à la Séguinière) et moi-même avions rencontré  le conservateur départemental du  Maine et Loire. Cette rencontre avait pour but de faire le constat de la dégradation de l’autel. Après l’avoir examiné, le conservateur émis l’avis suivant: «  Feu vert est donné à l’équipe qui s’est proposée pour restaurer la chapelle et le retable St Hubert et ce, en raison de la très louable réalisation sur les personnages de la Crèche ». (En effet une grande partie des personnages avaient été restaurée en 1999 et 2000)

Mais aucune suite n’avait été donnée à cette rencontre  car, à l’époque, il n’y avait personne pour se lancer dans une telle entreprise et l’association n’existait pas encore. Le projet est resté germer lentement mais sûrement.

 C’est un angelot  gisant depuis des années au pied de l’autel (voulant sans doute marquer son désappointement) qui  amorça le début de la restauration.

 Il était en entier posé par terre, laissé à sa fatalité en attendant un meilleur sort ! Qui, un jour, a eu  l’idée de le remettre en place ? Nul ne le sait ! Cela ne lui a sans doute pas plu  puisqu’en avril 2014, il a pris son envol pour de bon. Envol fatal ! Il s’est retrouvé en mille morceaux au pied du pilier.

Après avoir recueilli précieusement tous les moindres  morceaux, tels de vénérables reliques, tout a été apporté chez notre maître plâtrier, le ci-devant Rémy, afin qu’il recolle les morceaux et lui redonne son apparence. Ce qu’il fît avec dextérité. Il  a  été confié ensuite à notre maître peintre, le ci-devant Noël, chargé de lui restituer toutes ses couleurs originelles.

 

Avant d’entamer la restauration proprement dite, il s’est écoulé plusieurs mois. Le temps d’avoir tous les feux verts pour se mettre à l’ouvrage. Noël, tel le cerf aux abois, attendait  son heure. 

 Il a demandé conseil et éventuellement de l’aide à des collègues peintres. J’étais présent ce jour-là  et j’entendis leur réponse qui fut sans appel : « on ne peut pas faire cela, tu es fou !»  Noël ne s’est pas découragé pour autant et, il a entrepris de faire le chantier tout seul. Avec  Noël, l’impossible n’est pas tenu, et que j’aime cette folie Noël, car que tes œuvres sont grandes, tu me combles et nous combles de joie ! Il aurait pu faire sienne cette devise de Mark Twain : « Ils ne savaient pas que c’étaient impossible alors ils l’ont fait » !

 La pause de l’angelot s’est effectuée en octobre par des membres de l’association et les travaux de peinture et de plâtre ont commencé en décembre. Une équipe de l’association a mis en place un échafaudage et nos deux compagnons se sont mis à l’œuvre. Dépoussiérage, nettoyage, ponçage, peinture… des heures de patience et de labeur. Grimpés sur les hauteurs, nos deux compagnons n’ont pas ménagé leurs peines et leurs joies pour accomplir leurs tâches.

Noël a réalisé des pochoirs et des calques pour reproduire les étoiles et les ornements de l’autel à l’identique. Rémy a remodelé toutes les parties en plâtre qui étaient brisées où abîmées. Noël et Rémy  descendaient seulement, pour la pause café-rosé, offerts par l’équipe qui montait la crèche à cette période-là. Trouvant que Noël descendait un peu trop souvent à notre goût prendre du café, nous lui avions monté  la bouilloire, les gâteaux et bien sûr le café. Un lit douillet était installé pour qu’il puisse se reposer entre deux coups de pinceaux. Un écriteau précisait : « Ne pas déranger le Père Noël…. surtout quand il dort » ! Pour la petite histoire, ce panneau a été déposé, derrière l’autel, en souvenir du passage du Père Noël. Il ne manquera pas d’intriguer  les  éventuels restaurateurs du futur.  

Et c’est  ainsi que, jour après jour et des heures de travail, la restauration de l’autel St Hubert s’est terminée le 20 février 2016.Vous ne manquerez pas de remarquer la finesse des liserés  et les décorations de cet autel. Rémy et Noël vous en parleront bien mieux que moi, et se feront un plaisir de répondre à vos questions.

 Regardez aussi les photos prises pendant les travaux, elles vous donneront une petite idée de l’ampleur de la tâche.

Encore un grand merci à Noël et Rémy pour cette belle restauration, merci aux membres de l’association qui ont mis en place l’échafaudage. Merci à Mr le Curé et à la paroisse St Michel des Prieurés qui ont financé une partie de ce projet et qui l’ont soutenu pour qu’il  aboutisse. Merci également à la commune de la Séguinière qui est toujours présente à nos côtés et répond à nos sollicitations.

 

CHAPE  

Je profite de cette inauguration, pour vous présenter une chape qui représente le Père de Montfort et St Hubert. Cette chape, qui avait été ressortie et exposée dans l’église en 2013 lors d’une journée du patrimoine, avait subi  les assauts de coups de ciseaux afin de servir de costume  pour une pièce de théâtre. 

Ayant par hasard, croisé Mme Whurtz dans l’église, j’ai eu l’occasion de lui  montrer cette chape. Ce jour- là, j’avais rencontré la  personne qui avait de grandes connaissances en broderie… Après avoir examiné cette chape, elle a accepté de la restaurer. Et, avec l’aide de Malon Retailleau et  d’Annick Siret,  cette chape, en très mauvais état, grâce à leurs mains expertes, a   retrouvé tout son éclat. 

Un grand merci également à toutes les trois pour cette brillante restauration.   

                 

 Georges Rochais

La Séguinière le 29 octobre 2016

 


octobre 2017...deux statues...